
Des paramilitaires indiens en patrouille sur une route à Srinagar, le 10 mai 2025 au Cachemire indien ( AFP / Sajjad HUSSAIN )
Après plusieurs jours d'attaques meurtrières de drones, de tirs d'artillerie et de frappes de missiles, le Pakistan et l'Inde ont accepté samedi un "cessez-le-feu immédiat", a annoncé à la surprise générale le président américain Donald Trump, saluant le "bon sens" des deux puissances nucléaires.
Depuis mercredi, les deux voisins, nés d'une douloureuse partition en 1947 au départ du colonisateur britannique, étaient sourds aux appels à la retenue des capitales étrangères qui redoutaient le point de non-retour.
"Après une longue nuit de discussions sous la médiation américaine, je suis heureux d'annoncer que l'Inde et le Pakistan ont accepté un CESSEZ-LE-FEU TOTAL ET IMMEDIAT", a écrit Donald Trump sur son réseau Truth Social, adressant ses "félicitations aux deux pays" pour leur "bon sens et grande intelligence".
Dans la foulée à Islamabad, le ministre pakistanais des Affaires étrangères Ishaq Dar a confirmé sur X que le Pakistan et l'Inde avaient accepté "un cessez-le-feu avec effet immédiat".
Confirmant aussi un accord de cessez-le-feu, à Delhi, une source gouvernementale indienne indiquait toutefois qu'il avait été directement négocié entre l'Inde et le Pakistan et que les deux voisins n'avaient pas prévu de discuter d'autre chose que du cessez-le-feu.
Le secrétaire d'État américain Marco Rubio venait de déclarer sur X que l'accord faisait suite à des négociations approfondies entre lui-même et le vice-président JD Vance avec les Premiers ministres indien et pakistanais Narendra Modi et Shehbaz Sharif, ainsi que d'autres hauts responsables.
Il a ajouté que les deux gouvernements avaient "accepté de commencer des pourparlers sur un large éventail de questions dans un lieu neutre".
- "Vengé les morts innocents " -
Au Cachemire, des deux côtés de la frontière, c'était le soulagement.
Côté pakistanais, pour Imran Mir, homme d'affaires de 30 ans, l'arrêt des hostilités est "vraiment bienvenu". "On habite sur la Ligne de contrôle (la frontière de facto, NDLR), et à chaque conflit, c'est nous qui souffrons le plus", a-t-il dit à l'AFP.
Côté indien, c'est également une bonne nouvelle pour le chef du gouvernement local Omar Abdullah. "Maintenant, nous allons pouvoir mieux organiser l'approvisionnement et le traitement des blessés."
Sukesh Khajuria, Cachemiri indien, lui, plaide pour "la vigilance". "Le cessez-le-feu est bienvenu, mais c'est dur de faire confiance au Pakistan", dit-il.
La brusque montée de tension a démarré le 22 avril avec un attentat qui a choqué l'Inde: des hommes armés ont abattu 26 civils sur un site touristique au Cachemire indien.
New Delhi a accusé Islamabad de soutenir le groupe jihadiste qu'elle soupçonne de l'attaque, ce que son voisin a démenti fermement.

Des membres de l'armée indienne près d'explosifs transportés par un drone, après son interception par le système de défense aérienne indien, dans la banlieue d'Amritsar, le 10 mai 2025 ( AFP / Narinder NANU )
Après des sanctions diplomatiques, des menaces sur le partage des eaux du fleuve Indus, les deux pays sont entrés mercredi dans leur pire confrontation militaire depuis des décennies.
Ce jour-là, l'Inde a mené des frappes sur plusieurs villes pakistanaises assurant y détruire des "camps terroristes" et entraînant une spirale d'attaques et de contre-attaques.
Samedi matin encore, le Pakistan annonçait lancer sa riposte après des tirs de missiles indiens sur des bases militaires, dont l'une aux portes d'Islamabad.
Le Premier ministre pakistanais affirmait qu'"avec l'opération 'Edifice compact'", le Pakistan avait "donné à l'Inde une réponse adéquate et vengé les morts innocents" --une "vengeance" qu'il avait promise dans une adresse à la nation mercredi.
L'Inde a confirmé avoir subi une série d'attaques, notamment de drones, contre plusieurs cibles militaires situées dans toute la partie nord-ouest de son territoire.
La principale ville du Cachemire indien, Srinagar, a été plusieurs fois secouée samedi par de violentes détonations, ont constaté des journalistes de l'AFP.
- "Fortes explosions toute la nuit" -

Les traînées lumineuses d'un système indien de défense aérienne au-dessus de Jammu lors d'une frappe pakistanaise, le 9 mai 2025 au Cachemire indien ( AFP / Rakesh BAKSHI )
Touchée au petit matin, la base aérienne d'Awantipora, près de Srinagar, a encore été frappée à la mi-journée, selon une source policière.
Marco Rubio avait alors exhorté ses homologues indien et pakistanais "à rétablir une communication directe pour éviter toute erreur de calcul", tandis que la Chine haussait le ton, en appelant "fermement" les deux voisins à la retenue.
Selon le bilan officiel des deux camps, les violences ont tué une soixantaine de civils depuis mercredi.

Des véhicules endommagés à la suite de tirs d'artillerie pakistanais à Jammu, le 10 mai 2025 au Cachemire indien ( AFP / Rakesh BAKSHI )
Cet état de guerre a suscité d'importants mouvements de population de part et d'autre de la "ligne de contrôle" qui sépare la région contestée du Cachemire entre les deux pays.
Dans la partie indienne, durant la journée, la gare de Jammu, visée par des attaques de drones pakistanais les deux dernières nuits, avait été prise d'assaut.
"Il y a eu des fortes explosions toute la nuit", confiait à l'AFP sur un quai l'un des candidats au départ, Karan Varma, un maçon de 41 ans. "Il n'y a pas d'autre choix que de partir".
De l'autre côté de la frontière de facto, Mohammed Hussain a raconté à l'AFP une nuit de violence qui a tué, selon les autorités du Cachemire pakistanais, 11 civils.
"Ma maison a été fortement endommagée dans les tirs, j'essaie d'évacuer ma famille vers un endroit plus sûr", a-t-il dit.
Après l'annonce du cessez-le-feu, le Pakistan a rouvert son espace aérien alors que côté indien, 32 aéroports du quart nord-ouest du pays restaient fermés.
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